Anti-histaminiques
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Créé le 02/01/2003 |
Auteurs : PO. Girodet, M. Molimard |
(Mis à jour le 13/03/2010) |
Révisé le 01/05/2006 |
A. Taytard |
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Révisé le 13/03/2010 |
PO. Girodet |
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Sommaire
- Pharmacocinétique
- Effets pharmacologiques
- Indications thérapeutiques
- Contre-indications
- Effets indésirables
- Comparaison Cétirizine versus Loratadine
- Les nouveaux antihistaminiques H1
LE SYSTÈME HISTAMINERGIQUE
L’ensemble des cellules susceptibles de libérer l’histamine constitue le système histaminergique. Ces cellules sont localisées dans le système nerveux central (hypothalamus) et les tissus périphériques (poumon, peau, foie, estomac et sang).
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Médiateur
L'histamine est issue du métabolisme de la L-histidine par une enzyme, la L-histidine décarboxylase. Dans les tissus, l’histamine est essentiellement stockée dans les granules des mastocytes. La libération d’histamine par dégranulation mastocytaire est liée à la fixation des complexes immunoglobulines E - antigène sur le récepteur FceRI à la surface des mastocytes. Les cellules entérochromaffines de l'estomac libèrent l'histamine lorsque la cascade du complément est activée. Certaines substances et médicaments, dits histamino-libérateurs (substance P, morphiniques, curares), agissent par un mécanisme indépendant de la présence de récepteurs.
- Récepteurs
Les actions biologiques de l’histamine dérivent de l’activation de 4 types de récepteurs :
- Récepteur H1
La distribution des récepteurs H1 est ubiquitaire : muscles lisses, endothélium et cerveau.
Les effets de leur stimulation sont :
- contraction du muscle lisse viscéral,
- libération de NO,
- relâchement du muscle lisse vasculaire,
- augmentation de la perméabilité vasculaire,
- action sur la nociception (prurit par stimulation des terminaisons libres des nerfs sensitifs).
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Récepteur H2
Ces récepteurs sont principalement situés au niveau de la muqueuse gastrique, mais aussi dans le muscle cardiaque, les mastocytes et le système nerveux central. Dans l’estomac, la stimulation du récepteur H2 induit une sécrétion d’acide gastrique
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Applications pharmacologiques
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Agoniste histaminergique
La stimulation des récepteurs histaminergiques par un agoniste présente peu d’intérêt en pharmacologie. Le seul agoniste histaminergique commercialisé (bétahistine, SERCâ) exerce un effet agoniste partiel sur les récepteurs H1 et un effet antagoniste des récepteurs de type H3. Il est indiqué dans la maladie de Ménière.
- Antagonistes histaminergiques
Les applications pharmacologiques des substances inhibant les effets de la stimulation des récepteurs histaminergiques sont plus nombreuses.
Les antihistaminiques H1 sont utilisés depuis plus de cinquante ans dans le traitement des manifestations d'origine allergique (cf. infra).
Les antihistaminiques H2 (ranitidine, cimétidine), bien que supplantés par les inhibiteurs de la pompe à protons, sont utilisés dans certaines circonstances dans le traitement de l’ulcère gastro-duodénal et du reflux gastro-oesophagien. Les molécules antagonistes du récepteur H3 sont en cours d’évaluation dans certaines pathologies neurologiques (schizophrénie, épilepsie, douleurs des neuropathies périphériques).
Enfin, la distribution préférentielle des récepteurs H4 au niveau des cellules inflammatoires offre des perspectives intéressantes pour le développement de nouvelles molécules dans les maladies allergiques, auto-immunes et certaines tumeurs malignes (Leurs, 2009)
LES ANTI-HISTAMINIQUES H1 (tableau 1)
Les
antihistaminiques H1 constituent une classe médicamenteuse d’usage courant en
médecine générale et en allergologie.
Mécanisme
d’action : antagonisme compétitif de l’histamine sur les récepteurs
H1, présents au niveau des terminaisons nerveuses du muscle lisse
et des cellules glandulaires (Baroody,
2000).
PHARMACOCINÉTIQUE
D’une manière générale,
les antihistaminiques H1 de 2ème génération
ont
une demi vie plus longue que les anciens
anti-histaminiques
administration unique quotidienne
un temps
pour atteindre la concentration maximale fréquemment court, entre 2 et 3 h
un volume
de distribution élevé, en raison de la liposolubilité
une
biodisponibilité le plus souvent moyenne, autour de
40 %
EFFETS PHARMACOLOGIQUES (tableau 2)
D’un
point de vue pharmacologique, on distingue deux classes distinctes :
les antihistaminiques
H1 de 1ère génération, anticholinergiques et sédatifs (somnolence)
les
antihistaminiques H1 de 2ème génération, généralement dépourvus
d’effet anticholinergique et peu ou pas sédatifs.
Diverses
propriétés antiallergiques, voire inhibitrices de la libération de médiateurs
de l’inflammation sont attribuées aux antihistaminiques, sans que l’on
puisse affirmer qu’elles soient indépendantes de l’effet anti H1.
Les propriétés des antihistaminiques H1 ne se limitent pas à
l’antagonisme des récepteurs à
l’histamine ; outre leur effet anticholinergique, la plupart des
antihistaminiques H1 de 1ère génération possèdent des propriétés
sédatives, anti-sérotoninergiques et anesthésiantes locales.
INDICATIONS
THÉRAPEUTIQUES
(tableau 3)
Dans
le domaine de l’allergologie, les antiH1 sont indiqués pour le traitement
symptomatique de
rhinites
allergiques saisonnières et
perannuelles
urticaire
conjonctivite
allergique
Les autres
indications sont
liées à l’effet antinaupathique (diphénhydramine, Nautamineâ),
ou à l’effet sédatif : manifestations mineures de l’anxiété (hydroxyzine,
Ataraxâ) et insomnies occasionnelles ou
transitoires (prométhazine, Phénerganâ).
CONTRE-INDICATIONS
Liées
à l’action anticholinergique des antihistaminiques de 1ère génération
: hypertrophie prostatique, glaucome, myasthénie.
pas
d'antihistaminiques pendant la grossesse
ou l’allaitement par principe et en l’absence de données épidémiologiques
fiables sur la question.
EFFETS
INDÉSIRABLES / PRECAUTIONS D'EMPLOI (tableau 2)
La
somnolence, effet indésirable fréquent pour les anciennes molécules, est liée
à l’effet antihistaminique par stimulation du récepteur H1 cérébral.
Les effets
anticholinergiques, quasiment jamais rapportés avec les nouveaux anti H1, sont
observés notamment avec l’hydroxyzine (Ataraxâ) et la méquitazine (Primalanâ).
Si
les propriétés anticholinergiques sont responsables d’effets indésirables
(glaucome, rétention aiguë d’urines,
palpitations, dyskinésies faciales ou sécheresse buccale), elles constituent néanmoins
une arme thérapeutique pour la prise en charge de la rhinite par leur effet
antisécrétoire ou dans l’urticaire
cholinergique.
Il
existe des susceptibilités individuelles pouvant être à
l’origine d’un effet sédatif même avec les antihistaminiques de 2ème génération chez 5 à 10%
des patients.
Les
antihistaminiques dont le métabolisme fait intervenir les enzymes hépatiques
du système des cytochromes P450 impliquent certaines précautions d’emploi. Le risque de somnolence implique une prise médicamenteuse le soir au coucher.
La
terfénadine (ex-Teldaneâ)
et l’astémizole (ex-Hismanalâ),
responsables d’allongement de l’intervalle QT et de torsades de pointe, ont
été retirées du marché.
D’autres
effets, tels que céphalées, troubles digestifs ou réactions allergiques, ont
également été décrits.
COMPARAISON
CÉTIRIZINE
VERSUS LORATADINE
En
France, la cétirizine et la loratadine représentent les antihistaminiques
H1 les plus fréquemment prescrits pour le traitement
de la rhinite allergique saisonnière.
Une étude canadienne (Day, 1998) a évalué
l’efficacité de ces deux molécules après stimulation allergénique en
chambre à pollens, chez des sujets affectés de rhinite allergique saisonnière.
La diminution moyenne du score total de symptômes est respectivement de 37 %,
15 % et 12 % après traitement par cétirizine, loratadine et placebo. Quel que
soit l’anti H1 utilisé, les céphalées constituent l’effet indésirable le
plus fréquent. En outre, Meltzer et al (Meltzer, 1996) ont obtenu des résultats similaires :
une efficacité clinique légèrement supérieure de la cétirizine par rapport
à la loratadine et une tolérance satisfaisante pour ces deux médicaments. Ces
études réalisées à 24h et 48h pourraient traduire une rapidité d’action
supérieure de la cétirizine.
LES
NOUVEAUX ANTIHISTAMINIQUES H1
La
desloratadine (Aeriusâ) (Henz, 2001), commercialisée récemment, est le métabolite
actif de la loratadine. Si l’efficacité au plateau et la tolérance restent
inchangées, le RCP (résumé des caractéristiques du produit) précise que le
temps nécessaire pour atteindre le pic est retardé avec la desloratadine par
rapport à la loratadine.
Les
propriétés de la levocetirizine (Xyzalâ), isomère
actif de la cétirizine, apparaissent peu modifiées en terme d’efficacité et
de tolérance par rapport à la molécule initiale (Wang, 2001).
Enfin,
l’ébastine (Kestinâ)
est une nouvelle molécule relativement récente, dont les propriétés sont relativement similaires.
Ces
trois produits s’intègrent dans la classe des antihistaminiques H1 non
anticholinergiques et ne sont donc pas dénués d’intérêt pour la pratique
quotidienne compte tenu de leur rapport bénéfice-risque. Néanmoins, leur
caractère innovant par rapport aux thérapeutiques préexistantes reste à démontrer.
Réf :
Baroody FM, Naclerio RM. Antiallergic
effects of H1-receptor antagonists. Allergy
2000;55
Suppl 64:17-27.
Day JH, Briscoe M, Widlitz M D. Cetirizine,
loratadine, or placebo in subjects with seasonal allergic rhinitis:
effects after controlled ragweed pollen challenge in an environmental
exposure unit. J
Allergy Clin Immunol
1998;101:638-45.
Leurs R, Chazot PL, Shenton FC, Lim HD, de Esch IJ. Molecular and biochemical pharmacology of the histamine H4 receptor. Br J Pharmacol 2009;157:14-23.
Meltzer EO, Weiler JM, Widlitz MD. Comparative
outdoor study of the efficacy, onset and duration of action, and safety
of cetirizine, loratadine, and placebo for seasonal allergic rhinitis. J
Allergy Clin Immunol
1996;97:617-26.
Henz BM. The pharmacologic profile of desloratadine: a review. Allergy
2001;56
Suppl 65:7-13.
Wang DY, Hanotte F, De Vos C, Clement P. Effect of cetirizine,
levocetirizine, and dextrocetirizine on histamine-induced nasal response
in healthy adult volunteers. Allergy
2001;56:339-43. Références
complémentaires :
Holgate
ST (chairman), Canonica GW, Simons FER, Taglialatela M, Tharp M,
Timmerman H, Yanai K. Consensus group on new-generation antihistamines
(CONGA): present status and recommandations. Clin Exp Allergy
2003;33:1305-24 |
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